Sen no Rikyu, le maître de thé 千利休
Grand personnage du XVè siècle
Sen no Rikyu est un maître de thé japonais de l’école wabi. Ancien moine zen, il étudie le thé durant de nombreuse années avant de devenir, à 58 ans, le maître de thé du premier conseiller de l’empereur.
“La Voie du Thé n'est rien d'autre que ceci : on fait d'abord bouillir de l'eau, puis tu fais le thé et tu le bois.” Le propos est clair, limpide mais aussi très simple. Cette maxime, c’est à Sen no Rikyu qu’on la doit. Un maître de thé qui a marqué son époque et qui connut un destin tragique.
Sen no Rikyu, de son vrai prénom Yoshiro, est le fils d’un commerçant devenu samouraï. Il embrasse la carrière de moine au temple Daitoku-ji, où il suivit des entraînements zen. Jusqu’ici, rien ne prédestinait ce jeune garçon à devenir un des maître de thé les plus reconnus.
Voir : Sur les traces des samouraïs
Un Des Précurseurs De L'épure
Mais c’est à 19 ans qu’il fait la rencontre avec cet or vert. Il commence alors à étudier le thé sous la direction de Takeno Joo, fidèle à l’esthétique wabi sabi. Esthétique où la priorité est donnée à la simplicité et qui rejette l’ostentation, tant des gestes que des ustensiles employés.
Sen no Rikyu a ainsi été un des précurseurs dans l’utilisation des bols à thé en céramique Raku ainsi que des ustensiles rustiques et artisanaux japonais, laissant de côté les objets chinois plus chargés en décor et bien plus onéreux. Ce rejet de l’ostentation et la quête du raffinement dans la simplicité fut l’élément central de la quête de Sen no Rikyu, ce qui fit de lui une des figures marquantes du wabi sabi.
L'art Du Thé
Le maître du thé dégagea quatre qualités fondamentales d’une cérémonie du thé parfaitement exécutée :
- respect
- pureté
- harmonie
- tranquillité
Des qualités qui devraient également innerver la vie même des maîtres de thé. Perfectionnant d’année en année ses techniques, il devint, à l’âge de 58, le maître de thé de Nobunaga Oda, premier conseiller de l’empereur. Puis de son successeur, Hideyoshi Toyotomi.
À lire : Chanoyu, la cérémonie du thé
En 1585, alors que Hideyoshi Toyotomi organise un thé au Palais Impérial de Kyoto, Sen no Rikyu reçut le titre honorifique de bouddhiste de Koji, de l’empereur Ogimachi. Récompensant ainsi sa pratique pure et pieuse du bouddhisme.
Une Vie Épique
Pourtant, en 1591, Hideyoshi Toyotomi aurait demandé à Sen no Rikyu de se suicider et ce pour des raisons qui demeurent encore floues aujourd’hui. Certains avance une jalousie de Hideyoshi Toyotomi suite à l’installation d’une statue de Sen no Rikyu au-dessus d’une porte qu’il empruntait tous les jours, quand d’autres envisagent une traîtresse du maître de thé, ou encore une histoire de jalousie. Le célèbre maître de thé connut donc une fin tragique, ce qui l’enveloppa encore plus d’une aura hors du commun.
Un Homme Romanesque
À tel point qu’un de ses premiers disciples, Yamanoue Soji, se lança dans un ouvrage historique sur l’art du thé qui compilait l’intégralité des enseignements du maître disparu. Tandis que Yasushi Inoue, célèbre écrivain japonais contemporain, fit de Sen no Rikyu l'un des personnages principaux de son roman "Le maître de thé", publié en 1981. Le personnage principal, un moine et disciple de Rikyu, tente au fil des pages de percer le secret qui entoure le suicide de son maître.
Plus de 400 ans après sa mort, Sen no Rikyu continue de faire parler de lui.