Histoire du Japon
Le Japon est un pays insulaire situé en Asie de l'Est, entre l'océan Pacifique et la mer du Japon, à l'est de la Chine, de la Corée du Sud et de la Russie. Son histoire remonte à la période paléolithique il y a plus de 30 000 ans, avec les premières traces d'industrie lithique et de poteries. Les premiers groupes de chasseurs-cueilleurs arrivent par des ponts terrestres qui existaient durant les périodes glaciaires, notamment les Aïnous au nord. Par la suite, de nouvelles vagues migratoires arrivent depuis le continent asiatique à partir du 7ème siècle avant notre ère, introduisant l'agriculture, la riziculture et l'usage des métaux.
Préhistoire et Antiquité (jusqu'au 6e siècle)
La période Jōmon (-13 000 av. J-C à -400 av. J-C) voit apparaître les premières poteries au monde, avec des motifs de cordes, ainsi qu'un mode de vie sédentaire basé sur la chasse, la pêche et la cueillette. La période Yayoi (-400 av. J-C à 300 ap. J-C) marque l'introduction de la riziculture irriguée et des techniques de métallurgie(bronze puis fer) depuis la Corée et la Chine, entraînant une hausse démographique et l'apparition de chefferies locales.
La période Kofun (3e au 6e siècle) est caractérisée par l'érection de grands tumuli funéraires en forme de trou de serrure, dont certains attribués aux premiers empereurs légendaires. Le clan Yamato s'impose progressivement comme centre politique dans la région du Kansai. Des relations diplomatiques et des échanges culturels se développent avec les royaumes coréens de Baekje, Silla et Koguryo, qui introduisent le bouddhisme, l'écriture chinoise et de nouvelles techniques artisanales.
Période antique (VIe – XIIe siècles)
La période d'Asuka (538-710) voit la pénétration du bouddhisme, l'adoption d'une constitution et la mise en place d'un État centralisé sur le modèle de la Chine des Sui puis des Tang. L'époque de Nara (710-794) est marquée par l'affirmation du pouvoir impérial, la fondation d'une capitale permanente, le développement de grands monastères bouddhiques comme le Tōdai-ji et son Daibutsu géant, et une production artistique brillante influencée par les modèles continentaux.
Durant l'époque de Heian (794-1185), une culture raffinée se développe autour de la cour impériale installée dans la nouvelle capitale de Heian-kyō (Kyoto). C'est l'âge d'or de la littérature classique avec des œuvres majeures comme Le Dit du Genji de Murasaki Shikibu. L'architecture bouddhique atteint des sommets de raffinement et de symbolisme avec des temples comme le Byōdō-in. Cependant, le pouvoir de l'empereur s'affaiblit au profit de grands clans aristocratiques comme les Fujiwara, tandis que la classe des guerriers (samouraïs) prend de l'importance face à l'instabilité croissante.
Moyen-Âge japonais (XIIe – XVIe siècles)
Le pouvoir passe aux mains des samouraïs avec l'instauration du premier shogunat (gouvernement militaire) à Kamakura en 1192 par Minamoto no Yoritomo, après sa victoire dans la guerre de Genpei. L'époque de Kamakura (1185-1333) voit les tentatives d'invasions mongoles repoussées en 1274 et 1281, mais aussi la montée en puissance des moines-guerriers et la diffusion de nouvelles écoles bouddhiques, Terre Pure, Zen, Nichiren. Le shogunat est renversé en 1333 par l'empereur Go-Daigo, mais son pouvoir est de courte durée.
Durant l'époque de Muromachi (1336-1573), les shoguns Ashikaga rétablissent leur autorité mais peinent à contrôler les seigneurs féodaux locaux. Le pays sombre dans une période d'instabilité politique et de guerres civiles pendant l'époque Sengoku (1467-1573), marquée par un morcellement en multiples domaines rivaux. Les premiers contacts avec les Occidentaux ont lieu avec l'arrivée des Portugais en 1543, qui introduisent les armes à feu et le christianisme, mais suscitent des réactions de rejet.
Après une période de transition sous les trois grands "unificateurs" Oda Nobunaga, Toyotomi Hideyoshi puis Tokugawa Ieyasu, le pays est réunifié par l'instauration du shogunat Tokugawa en 1603, qui va régner sur le Japon pendant plus de 250 ans. L'époque d'Edo (1603-1868) est une ère de paix et de prospérité, mais aussi de fermeture du pays, de contrôle social strict et de hiérarchie figée (système des quatre classes). Les arts et la culture urbaine bourgeoise s'épanouissent avec l'ukiyo-e, le théâtre kabuki, les quartiers de plaisirs, les romans populaires. Le néo-confucianisme devient l'idéologie officielle, mais les écoles de pensée japonaises se développent aussi (Kokugaku, Rangaku).
Empire du Japon (1868-1945)
La pression occidentale finit par avoir raison de l'isolement japonais avec l'arrivée des "navires noirs" du commodore Perry en 1853. Le shogunat est renversé en 1867 par les partisans de l'empereur, la restauration de Meiji en 1868 ouvre une ère de changements radicaux visant à moderniser et occidentaliser le pays pour éviter la colonisation : fin de la féodalité, création d'un État-nation centralisé, d'une armée de conscription, réformes éducatives, administratives, adoption du calendrier grégorien, etc. L'industrialisation permet un développement économique et militaire rapide.
La constitution de 1889 établit un régime de monarchie constitutionnelle, mais où l'empereur garde de larges pouvoirs. L'expansionnisme japonais commence avec les victoires contre la Chine (1894-95) et la Russie (1904-05) qui permettent l'annexion de Taïwan, de la Corée et d'une partie de la Mandchourie. La période Taishō (1912-1926) connaît un bref intermède de libéralisation politique, mais la montée du militarisme dans les années 1930 conduit à l'invasion totale de la Chine en 1937 puis à l'entrée dans la Seconde Guerre mondiale.
Malgré des victoires initiales fulgurantes, le Japon est défait en 1945 après les bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki. Le pays est occupé et démilitarisé par les Américains, l'empereur perd ses pouvoirs divins. Une nouvelle constitution pacifiste et démocratique est adoptée en 1947.
Japon contemporain (depuis 1945)
Grâce au soutien américain et aux réformes, le Japon connaît un "miracle économique" et une croissance exceptionnelle dans les années 1950-60 qui le propulsent au rang de 2e puissance mondiale dès 1968. La période de haute croissance s'arrête avec les chocs pétroliers des années 1970 et la réévaluation du yen. Les années 1980 voient une "bulle spéculative" immobilière et boursière qui éclate au début des années 1990, ouvrant une longue période de stagnation économique malgré les plans de relance.
Sur le plan intérieur, l'après-guerre est dominée par l'hégémonie du Parti Libéral-Démocrate, malgré une parenthèse en 1993-94 et en 2009-2012. Le pays est confronté au vieillissement démographique, à la précarisation du travail, aux catastrophes naturelles comme le séisme de Kobe en 1995 ou celui de Tohoku en 2011 qui entraîne l'accident nucléaire de Fukushima. La place du Japon dans le monde reste importante mais décline face à la concurrence de la Chine. La culture populaire moderne, le manga, l'animation, les jeux vidéo, connaissent un rayonnement international.