La période de Nara : Une ère brève mais influente dans l'histoire du Japon primitif
La période Nara (710-794 CE) est une période courte mais importante de l'histoire du Japon, qui fait suite à la période Asuka. Au cours de cette période, la première capitale permanente du Japon a été établie à Heijō-kyō (aujourd'hui Nara), sur le modèle de la capitale chinoise de la dynastie Tang, Chang'an. Bien que de courte durée, la période de Nara a été le témoin de développements culturels et politiques notables qui ont façonné le Japon pour les siècles à venir.
Établissement de Nara comme capitale impériale
En 710 de notre ère, l'impératrice Genmei a transféré la capitale à Heijō-kyō, une ville soigneusement choisie pour sa situation centrale et ses divers avantages par rapport aux capitales précédentes. Nara a été aménagée selon un plan quadrillé, le palais impérial étant situé à l'extrémité nord, conformément aux principes de l'urbanisme chinois. La nouvelle capitale a facilité l'expansion des institutions gouvernementales et le contrôle impérial sur les provinces.
Nara s'est rapidement transformée en une métropole prospère, dont la population pourrait atteindre 200 000 habitants à la fin de la période. La ville était animée par des activités diplomatiques: des envoyés et des étudiants japonais étaient régulièrement envoyés dans la Chine des Tang, tandis que des visiteurs étrangers venus de Chine, de Corée et même d'Inde arrivaient à Nara. Ces échanges culturels ont contribué à l'atmosphère cosmopolite de Nara.
Développements et défis politiques
La période de Nara a été marquée par une centralisation accrue du pouvoir et des efforts pour exercer un plus grand contrôle impérial sur les provinces par le biais d'une présence militaire plus forte. Cependant, cela ne se fait pas sans résistance. En 740 de notre ère, Fujiwara no Hirotsugu, un puissant exilé, mène une rébellion majeure à Kyushu, soutenu par le peuple Hayato qui s'oppose à la domination des Yamato. L'empereur Shōmu écrase rapidement le soulèvement, mais celui-ci souligne les difficultés liées au maintien de l'autorité centrale.
L'époque est également marquée par la montée en puissance d'impératrices influentes, telles que Genmei, Genshō et Kōken (futur empereur Shōtoku). Leurs règnes voient le pouvoir du clan Fujiwara s'accroître à la cour, puisqu'ils marient leurs filles à des empereurs. Cependant, les conflits internes à la cour, les luttes de pouvoir et l'influence croissante du clergé bouddhiste conduisent finalement l'empereur Kanmu à déplacer la capitale à Heian-kyō (Kyoto) en 794 de notre ère, marquant ainsi la fin de la période Nara.
Conditions sociales et économiques
Malgré l'essor culturel de la période Nara, la vie restait difficile pour les gens du peuple, en particulier pour la population rurale. Les outils agricoles primitifs, la culture insuffisante des terres et les famines fréquentes affectaient la paysannerie. La situation a été aggravée par les épidémies de variole de 735 et 737 de notre ère, dont les historiens estiment qu'elles ont réduit la population de 25 à 35 %.
Les paysans supportent également le lourd fardeau de l'impôt pour financer les ambitieux projets de construction de temples du gouvernement. Dans le même temps, un nombre croissant d'aristocrates et d'institutions religieuses bénéficiaient d'exemptions fiscales, ce qui alourdissait encore la pression sur le trésor impérial. Les disparités entre l'élite et les roturiers se creusent, tandis que les grands propriétaires terriens accumulent davantage de richesses et de pouvoir grâce à l'expansion du système des shōen (domaines privés).
Salle Daigokuden, site du palais de Nara, Nara
Bouddhisme et construction de temples
L'empereur Shōmu était un fervent promoteur du bouddhisme, décrétant la construction de temples provinciaux(kokubunji) dans tout le Japon pour apaiser les dieux et améliorer la fortune du pays. Le joyau de son ambitieux programme de construction était le Tōdai-ji à Nara, qui abritait la colossale statue en bronze du Grand Bouddha. À l'époque, la salle du Grand Bouddha du temple était le plus grand bâtiment en bois du monde.
D'autres temples remarquables comme le Kōfuku-ji et le Kasuga Taisha se sont également développés durant cette période, ce dernier ayant été fondé par le puissant clan Fujiwara. Ces grandes structures religieuses n'ont pas seulement mis en valeur la richesse et la dévotion de la famille impériale et des aristocrates, mais ont également servi de centres d'apprentissage et d'arts. Le clergé bouddhiste a acquis une influence considérable sur la politique et la société, ce qui a parfois entraîné des tensions avec la classe dirigeante.
Littérature et chroniques historiques
La période Nara a produit certaines des œuvres littéraires les plus anciennes et les plus influentes du Japon. Le Kojiki (712 CE) et le Nihon Shoki (720 CE) ont été les premières histoires nationales, compilant des mythes, des légendes et des récits historiques pour légitimer le pouvoir impérial et retracer les origines du peuple japonais. Ces ouvrages ont jeté les bases de la religion shintoïste et de l'identité nationale du Japon.
La poésie s'est également développée à cette époque. Le Manyōshū (Recueil des dix mille feuilles), compilé vers 760 de notre ère, est le plus ancien recueil de poésie japonaise encore existant. Il contient plus de 4 500 poèmes écrits par des personnes de tous horizons, offrant un instantané vivant de la société de Nara et de ses valeurs. Le Kaifūsō (751 CE) est une autre anthologie importante, présentant des poèmes écrits en chinois par des poètes japonais.
L'empereur Shomu
Héritage et influence durables
Bien que de courte durée, la période Nara a joué un rôle crucial dans le façonnement du paysage culturel, politique et religieux du Japon. Elle a jeté les bases de la période Heian qui a suivi, en fixant les goûts artistiques et littéraires, en cimentant l'influence du bouddhisme et en établissant des modèles de gouvernance.
L'héritage de Nara se perpétue à travers ses sites culturels durables, dont beaucoup sont aujourd'hui inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO. Le Tōdai-ji, avec sa salle du Grand Bouddha, reste un symbole emblématique du bouddhisme japonais, attirant pèlerins et touristes. Kasuga Taisha reste un important sanctuaire shintoïste, célèbre pour ses festivals de lanternes.
Le temple Todaiji à Nara est aujourd'hui classé au patrimoine mondial de l'UNESCO
En outre, les œuvres littéraires produites pendant la période de Nara, telles que le Kojiki, le Nihon Shoki et le Manyōshū, ont laissé une marque indélébile sur la culture japonaise. Ils fournissent des informations inestimables sur l'histoire, la mythologie, la langue et l'esthétique des débuts du Japon, influençant des générations d'écrivains et d'érudits.
En conclusion, la période de Nara, bien que brève, a constitué un chapitre essentiel de l'histoire du Japon. Elle a vu l'établissement d'un État centralisé, l'épanouissement du bouddhisme et des arts, et la création de trésors culturels durables. Il est essentiel de comprendre cette époque pour apprécier la riche tapisserie de la civilisation japonaise et son évolution à travers les âges. Pour lire d'autres articles sur l'histoire du Japon ou explorer Nara elle-même, une ville chargée d'histoire, consultez les ressources suivantes pour en savoir plus sur cette période fascinante.