Sur les traces de Haruki Murakami au Japon : une sélection de lieux qui ont inspiré ses romans
L’auteur japonais le plus lu dans le monde, Haruki Murakami, revient avec son nouveau roman La Cité aux murs incertains. Un univers fascinant dans lequel plonger, point culminant de la carrière de l’écrivain, qui reprend nombre des thèmes qui ont conquis ses fans.
Sept ans après la sortie de son dernier roman, la sortie événement de cette œuvre déjà saluée par la critique est l’occasion idéale pour nous de vous proposer une balade japonaise sur les traces des lieux emblématiques des livres de l’auteur.
The Old Blind Cat - Shinjuku, Tokyo (le passé de Murakami)
Avant de se plonger dans le monde perdu entre réel et imaginaire de Murakami à travers les lieux mentionnés dans ses romans, commençons par entrer dans l’incipit de la vie de Murakami : le jazz.
En effet, avant de devenir un auteur à succès, Haruki Murakami a ouvert son bar de jazz, le Peter Cat, à Kokubunji, dans la banlieue de Tokyo, avec sa femme. Ils ont ensuite déplacé leur bar dans le quartier de Sendagaya. C’est au sein de ce haut-lieu du jazz tokyoïte dans les années 1970 que Murakami va rédiger son premier roman, Écoute le chant du vent. Ses années passées derrière le comptoir de son bar sont souvent créditées comme une source d’inspiration ayant aussi nourri ses œuvres suivantes. Si le bar n’existe malheureusement plus aujourd’hui, il est tout de même possible de se mettre dans la peau de Murakami en écoutant du jazz à The Old Blind Cat, un bar de jazz à Shinjuku, que l’auteur fréquentait pendant ses études, avant d’ouvrir son propre établissement.
The Old Blind Cat, 3 Chome−26−3 コンワセンタービル B2F, Shinjuku, Shinjuku City, Tokyo 160-0022
Kobe, Hyogo (Écoute le chant du vent)
Haruki Murakami est né à Kyoto, mais a grandi à Kobe avant de déménager à Tokyo pour ses études universitaires. La ville portuaire du Kansai, nichée entre les montagnes et la baie d’Osaka, est donc un décor influent dans l’oeuvre de Murakami, et sert de toile de fond au premier récit de l’auteur, Écoute le chant du vent, qui raconte l’histoire d’un étudiant à Tokyo qui rentre dans sa ville natale de Kobe pour les vacances d’été. Ainsi, nombreux lieux de la ville et de la municipalité sont mentionnés, tels que le port de Kobe, la station Hankyu de Sannomiya-Kobe, ou encore le parc de jeux Ashiya-Ushide, la librairie d’Ashiya - où l’auteur a d’ailleurs passé son adolescence à lire.
ICU (International Christian University), Mitaka, Tokyo (Flipper)
La ville de Mitaka, dans la banlieue de Tokyo, est aussi un décor phare de l'œuvre de Murakami, et notamment l’un de ses premiers romans, Flipper, suite de Écoute le chant du vent. L’Université chrétienne internationale est un des lieux emblématique du récit, décrit en détail par Murakami - il est théorisé qu’une petite amie de l’époque de son déménagement à Tokyo y étudiait. Le parc Nogawa, à proximité, est aussi un lieu important de Flipper. Le parc Nogawa était alors un terrain de golf, mais est aujourd’hui une escapade naturelle appréciée des locaux.
Une balade de Yotsuya à Komagome, Tokyo (La Ballade de l’impossible)
Tokyo est omniprésente dans l’œuvre de Murakami, et La Ballade de l’impossible en est l’un des exemples les plus emblématiques. L’histoire se déroule dans divers quartiers de la ville, de Yotsuya à Komagome, reflétant l’énergie et la mélancolie de Tokyo dans les années 1960. Une balade entre les deux quartiers est un excellent moyen de s’imprégner de l’atmosphère du livre.
Un lieu à ne pas manquer est le Dug Jazz Café & Bar, qui figure parmi les repères de Toru, le protagoniste. Le Dug, connu pour son ambiance feutrée et sa musique, illustre aussi l’univers musical si cher à Murakami.
Le quartier de Setagaya, Tokyo (IQ84, Chroniques de l’oiseau à ressort)
Setagaya, un arrondissement résidentiel de Tokyo, joue un rôle central dans plusieurs des romans de Murakami. Dans 1Q84, c’est ici que vit Tengo, l’un des deux personnages principaux, et c’est également le cadre de nombreuses scènes-clé : c’est notamment ici que Aomamé glisse entre les deux dimensions. Chroniques de l’oiseau à ressort utilise aussi Setagaya comme un décor mystérieux et enchanteur, où le quotidien bascule dans l’extraordinaire. Flâner dans ce quartier tranquille permet d’apprécier les contrastes entre réalité et fiction, à l’image des romans de Murakami.
La bibliothèque Haruki Murakami, Université de Waseda, Tokyo (hommage à l’œuvre de Murakami)
Pour les fans inconditionnels, une visite à la bibliothèque Haruki Murakami, située sur le campus de l’Université de Waseda, est incontournable. Conçue par l’architecte Kengo Kuma, cette bibliothèque n’est pas seulement un lieu d’étude, mais aussi un espace d’échange et de célébration de l’œuvre de l’auteur. Manuscrits, correspondances, et objets personnels y sont exposés, offrant un regard intime sur la carrière de Murakami. Une halte riche en émotions pour comprendre davantage l’univers de cet écrivain hors norme.
Takamatsu, Kagawa (Kafka sur le rivage)
Située sur l’île de Shikoku, Takamatsu est le décor principal de Kafka sur le rivage. La ville, avec ses paysages côtiers et son ambiance calme, sert de toile de fond à ce roman complexe et mystérieux. La bibliothèque Komura Memorial, bien que fictive, s’inspire de bibliothèques réelles de Takamatsu et constitue une destination de choix pour les lecteurs souhaitant s’immerger dans l’atmosphère du livre. Ne manquez pas le jardin Ritsurin, un joyau de l’époque Edo qui résonne avec la poésie et la mélancolie de l’œuvre.
Tsujido, Kanagawa (Danse, danse, danse)
Dans Danse, danse, danse, Tsujido, une ville côtière de la préfecture de Kanagawa, joue un rôle central. Le protagoniste, surnommé le Narrateur, y passe du temps à chercher des réponses dans un univers absurde et mélancolique. Le paysage marin et l’atmosphère d’évasion de Tsujido illustrent parfaitement l’état d’esprit du personnage principal.
Inokashira Onshi Park, Kichijoji, Tokyo (Les Amants du Spoutnik)
Enfin, pour clore cette balade, arrêtez-vous à Inokashira Onshi Park, un havre de paix situé à Kichijoji. Ce parc, connu pour son lac pittoresque et ses cerisiers en fleurs, fait souvent office de refuge dans les romans de Murakami. C’est un lieu idéal pour une pause réflexive, à l’image des protagonistes de ses histoires, notamment dans Les Amants du Spoutnik, qui oscillent toujours entre solitude et quête de sens.
Ces lieux, qu’ils soient réels ou métamorphosés par l’imaginaire de Murakami, constituent des points d’entrée fascinants dans son univers pour les néophytes, et un pèlerinage exceptionnel pour les aficionados de l’auteur. Ils sont aussi une manière unique de découvrir le Japon tout en redécouvrant l’œuvre de ce monument de la littérature japonaise.