Le rakugo 落語
Théâtre pop
Moins connu que le Kabuki ou le Nô, le Rakugo fait aussi partie  intégrante de la culture artistique japonaise. Son ambiance décontractée attire toujours toutes les générations.
Rakugo signifie en japonais "l’histoire qui a une chute". Il s’agit d’une forme de théâtre japonais qui consiste en un spectacle humoristique, souvent satirique devenu populaire à l’époque d’Edo. Aujourd’hui encore, des rakugoka, ou conteurs de rakugo, se produisent dans des salles spécialisées appelées yose.
L’histoire du rakugo commence dès le Xe siècle lorsque des moines bouddhistes, désireux de pimenter leurs sermons, se mettent à parler plus ouvertement de la société et à raconter des histoires plus humoristiques afin d'attirer un public plus nombreux - une forme originale de prosélytisme en somme.
Plus tard, à l’époque de Sengoku (1467–1568), des intellectuels appelés à cette époque otogishû, mot que l’on traduit souvent par maître de thé ou religieux, sont choisis par les daimyo (seigneur territorial) pour les accompagner au quotidien et les distraire quand le moment s'y prête.
Anrakuden Sakuden, un religieux bouddhiste de l’école Jôdô, est connu comme le fondateur du rakugo. Il est l’auteur de l'ouvrage Seisuishô, expression qui signifie littéralement « Rire pour vous réveiller » et est constitué de 8 recueils de 1039 histoires drôles.
Plus tard, à l’époque d’Edo, cette pratique devient populaire. Le conteur récite ces histoires dans la rue, puis à partir de 1791 dans le yose, un type de salle particulier. Au fil du temps, plusieurs centaines de récits se sont ajoutées au répertoire de base pour créer celui dans lequel puise le rakugoka jusqu’à aujourd’hui.
Simple mais percutant
Le spectacle de rakugo se passe sur la scène nommée kôza. Par rapport à d’autres arts traditionnels japonais comme le kabuki, la scène du rakugo est tout simple. Il y a très peu de décor, elle est parfois simplement composée d’un simple paravent. Il n’y a pas de musique pendant la représentation sauf pour l’entrée de l’artiste, moment auquel des musiciens l’accompagnent au son d’un shamisen, d’un tambour ou d’une flûte.
Le rakugoka est vêtu d’un kimono et raconte l’une des histoires du répertoire traditionnel. Il est assis à genou sur un coussin plat, assez inconfortable, appelé zabuton, position qu’il ne quittera pas durant tout le spectacle.
Il commence par annoncer son récit en abordant des sujets relatifs à l’actualité. Sa critique de la société vise surtout à créer une ambiance amicale avec les spectateurs. Au cours de la pièce, il joue plusieurs rôles en changeant sa voix et en prenant diverses expressions. Il s’aide pour cela d’accessoires bien précis notamment le sensu (un éventail pliant), ou le tenugui (une serviette fine japonaise) utilisés comme des objets de la vie quotidienne. Tout cela est censé stimuler au maximum l’imagination du spectateur tout au long de l’histoire jusqu’à la chute finale.
Aujourd’hui, rakugoka est un métier professionnel pratiqué par environ 500 personnes au Japon. Il fut longtemps réservé aux seuls hommes. Ce n’est qu’en 1993 qu'une femme devint rakugoka.
Où aller voir du rakugo ?
Il y a quatre Yose à Tokyo. A Ueno, Shinjuku, Asakusa, Ikebukuro puis Tenjin à Osaka. Ils sont ouverts tous les jours et deux séances en général sont en général proposées de midi à 16 heures et de 17 heures à 21 heures. Le ticket est à la vente au guichet, l’entrée et la sortie sont libres. Il est possible de se restaurer sur place.
Pour vous familiariser avec le rakugo, vous pouvez lire le manga, Le disciple de Doraku, raconte une vie d'un rakugoka au cours d'une histoire véritablement émouvante.
Il existe aussi un dessin animé, Le Rakugo ou la vie, qui fut diffusé à la télévision. Il raconte l’histoire d’un ancien délinquant passionné de rakugo, qui devient le disciple d’un grand rakugoka.
Au Japon, il y a une émission télévisée nommée Shôten diffusée sur NihonTV tous les dimanches après-midi. Les grands rakugoka participent à des jeux de devinettes et y répondent en démontrant leur talent.