L'ère Meiji (1868-1912) 明治時代
Les Lumières du Japon
En novembre 1867, le shôgun Yoshinobu Tokugawa (1837-1912) abdique, restaurant tous les pouvoirs à l’empereur et mettant fin au régimedu bakufu et à l’isolationnisme.
Sous le règne de Mutsuhito, l’empereur Meiji (1852-1912), le Japon connait une refonte des systèmes politiques, économiques et sociaux aboutissant à une modernisation extrêmement rapide du pays : c'est la restauration Meiji.
Le temps des réformes
Edo est rebaptisée Tokyo et devient la capitale impériale dès 1868. Dans la période de Meiji, le gouvernement engage de grandes mesures politiques et économiques. Les quatre classes sociales traditionnelles issues du système féodal de l’époque d’Edo disparaissent en 1871. Les daimyos et les samouraï perdent leurs droits et privilèges, non sans regret. Cette réorganisation de la société nipponne suscite des révoltes dans le pays jusqu’en1877. Promulguée en 1889, la première constitution impériale du Japon investit l’empereur d’un pouvoir central fort. La création du yen en 1871 uniformise et facilite les échanges commerciaux.
Sur le plan sociétal, le régime rend l’enseignement obligatoire et créé les universités impériales de Tokyo et Kyoto. L’abandon du calendrier luni-solaire chinois au profit du calendrier grégorien est un marqueur de l’introduction progressive de la culture occidentale au sein du pays.
Enrichir le pays, renforcer l’armée
Sous la devise fukoku kyōhei "enrichir le pays, renforcer l’armée",symbole d'une politique de développement de la prospérité nationale et de la force militaire, le Japon mise sur une industrialisation rapide. La promotion de ses nouvelles industries (sidérurgie, construction navale, charbon) permet au Japon de se hisser dès 1900 au rang de grande puissance économique mondiale.
S'appuyant sur sa nouvelle armée, le Japon entreprend une politique d’expansion territoriale. Les opérations militaires se succèdent : guerre sino-japonaise en 1894-1895, guerre russo-japonaise en 1904-1905. Sa zone d’influence s’étend de façon considérable grâce à l’annexion des îles Ryūkyū en 1879, de Taïwan en 1895 puis de toute la Corée en 1910.
Naissance du Japon moderne
Le développement de nouveaux moyens de transport témoigne de la modernisation rapide du pays. Les palanquins cèdent la place à des lignes de chemin de fer et de tramway à cheval. La première ligne de chemin de fer, reliant Shimbashi à Yokohama, est inaugurée en 1872.
L’ère Meiji apporte un nouveau modèle urbain, inspiré du modèle occidental. Les routes pavées, les bâtiments en briques et les réverbères à gaz font leur apparition. Sur ce nouveau modèle, les quartiers de Ginza et Marunouchi sortent de terre. La gare de Tokyo, bien qu’achevée en 1914, est elle-aussi d’inspiration européenne, avec son parement de briques rouges.
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Le kimono et les habits traditionnels tombent en désuétude face au yôfuku "vêtements occidentaux". Les japonaises adoptent les robes à tournure et les coiffures occidentales. La gent masculine succombe à la mode de la moustache et de la barbe.
La photographie et la lithographie sont accueillies avec enthousiasme ; ce qui sonne le glas des estampes ukiyo-e. Les premiers photographes européens installés à Yokohama comme Felice Beato (1832-1909) trouvent très vite de nombreux disciples japonais. La règlementation de la presse écrite édictée par l’empereur permet la publication du premier quotidien en 1871, le Yokohama Mainichi Shimbun.
Au décès de l'empereur Mutsuhito en 1912, le Japon a réussi la prouesse de passer, en une cinquantaine d'années, d’un état féodal à l’une des plus grandes puissances mondiales.