Les machiya 町屋
Les maisons des marchands japonais
Aux côtés des immeubles bariolés du grandTokyo ou de ceux en béton armé de Naha, quelques machiya résistent au temps qui passe. Ces maisons traditionnelles japonaises, témoins d'un Japonancestral, sont de véritables trésors au cœur des villes.
Les machiyasont des maisons citadines qui abritaient autrefois la classe marchande et lesartisans des villes du Japon. Ainsi, une maison tenait tout à la fois le rôle de boutique,d'atelier et de lieu résidentiel. Entièrement constituées de bois, elles ontété en proie aux incendies et aux tremblements de terre successifs. Les seules machiya encore sur pieds font l'objetd'une attention particulière de la part des organismes œuvrant pour la conservation dupatrimoine. La ville de Kyoto abrite aujourd'hui encore plus de 40 000maisonnées machiya datant pour certaines de l'ère Meiji (1868-1912).
Une anguille dans le foyer
Dans les ruelles des anciens quartiers, lesmachiya sont facilementreconnaissables. Rarement isolées, elles sont solidaires les unes des autres etforment un ensemble d'habitations basses, homogène et linéaire, aux devanturesétroites et feutrées. En effet, la machiya se caractérise par sa façadeétroite dont la largeur ne dépasse que rarement six mètres. Cette caractéristique relèverait du système d'imposition de l'époque qui étaitcalculé non pas sur la superficie de la maison mais sur la largeur de safaçade.
Des maisons construites sur la longueur
Mais les apparences sont trompeuses car derrière cette devanture ornéed'un treillis de bois appelé le kimusuko,s'ouvre une vaste étendue pouvant atteindre cinquante mètres de long ! Ce plantypique des machiya leur a valu lesurnom de "chambre à coucher pour anguilles". Loin d'être uninconvénient, cette organisation en enfilade s'adapte parfaitement à l'utilitédes maisonnées. Les marchands recevaient leurs clients dans la première salleappelée mise no ma. C'est dans cettepièce, à proximité directe de la rue, que toutes les transactions avaient lieu,préservant ainsi l'intimité du foyer prenant place dans les salles arrière ou àl'étage.
Du professionnel à l'intime
Ainsi, plus le visiteur pénètre dans lamaison, plus les espaces se font intimes. Derrière la salle réservée aucommerce se situe le naka no ma. Cettepièce de transition introduit le visiteur dans les parties les plus privatives.La troisième salle nommée le oku no mapeut être utilisée comme salon privé ou comme salle de réception pour lesclients de première importance. Ici, il n'est pas rare de trouver le tokonoma, un espace où sont disposésobjets d'art et composition florale changeant au gré des saisons. Les piècessont séparées par des shôji ou des fusuma, les portes coulissantestypiquement japonaises.
Jardin miniature
Mais il est également possible de passer d'un espace àl'autre par un long couloir situé sur l'un des côtés de la maison et reliantl'entrée aux salles les plus reculées. C'est dans ce couloir appelé tori niwa que sera installée la cuisine.Point d'orgue de la visite, le jardin miniature essentiel à toute machiya. Particulièrement soigné, iloffre la luminosité nécessaire à la maison compensant ainsi son manque d'ouvertures.Souvent, le jardin est bordé par le hanare.C'est ici que les grands-parents passent leur journée à se détendre tout engardant un œil vigilant sur les affaires commerçantes. Cet espace peut êtrecomplété d'un atelier ou d'un entrepôt.
Visiter une machiya
Pour s'imprégner de l'ambianceauthentique d'une machiya, rien de telque d'en faire la visite. Pour ce faire, directionNara au cœur de l'ancien quartier marchand de la ville pour découvrir la Naramachi Koshino Ie. Cette maison se situe à environ quinzeminutes à pied de la gare de Kintetsu Nara ou à une vingtaine de minutes de lagare JR. L'entrée est gratuite et la maison ouverte de 10 heures à 17 heures(fermeture le lundi).
Lire aussi : Le quartier Naramachi et ses machiya
La ville deKanazawa et son quartier de geisha HigashiChayagai jalonné de machiyapréservées ravira les visiteurs les plus curieux. Bien que la plupart aient ététransformées en restaurant ou en boutiques, certaines maisons de thé ont étéreconverties en musées. L'une d'entre elles, la maisonShima, inscrite comme patrimoine important du Japon, se visite moyennant lasomme de 400 yen (3,20 €) par adulte. Une ambiance surannée, facilitée par laprésentation d'objets d'un autre temps, transporte le visiteur dans un Japonancien.
Voir aussi : Notre maison Machiya à deux pas du Pavillon d'argent et du Chemin des Philosophes, à Kyoto.