Kakizome 書き初め
La première écriture de l’année
Au Japon, il existe une manière artistique et séculaire d’exprimer son vœu pour l’année à venir : le Kakizome. Il s'agit d'une calligraphie accomplie le 2 janvier. Kakizome signifie littéralement "première écriture".
Cette coutume s’inscrit dans une longue tradition de "premières actions de l’année". On fait ainsi la "première visite au sanctuaire shintô" (hatsumôde) le 1er janvier, la "première cérémonie de thé" pour les maîtres de thé et leurs disciples ainsi que les "premières célébrations" pour les maitres d’arts martiaux et ainsi de suite.
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Beauté et sérénité
Pour cette "première écriture", on se munit d’un pinceau, d’encre de Chine et d’une longue bande de papier blanc (le japonais s’écrivant traditionnellement de haut en bas). On calligraphiera ainsi son vœu ou sa résolution pour l’année à venir exprimés par un ou quelques kanji (idéogramme d’origine chinoise).
Traditionnellement, on utilise de l’encre fraichement broyée mélangée à de l’eau puisée le 1er janvier. Il s’agit d’écraser les bâtonnets d’encre dans un peu d’eau, avec des mouvements circulaires dans une sorte de rituel demandant une grande concentration et apportant ainsi la sérénité. Il faut également bien se concentrer lorsque l’on s’applique à tracer au pinceau, sans à-coup et sans interruption, la calligraphie du kakizome. Cette dernière montre ainsi la ferveur mise à cette "première tâche" de l’année.
Dis-moi comment tu écris, je te dirai qui tu es
De tout temps, les Japonais ont attaché beaucoup d’importance à la calligraphie, pensant même que la manière d’écrire révèle la personnalité. Cette idée est d’ailleurs exprimée par le dicton 書は人なり sho wa hito nari : "la calligraphie est la personne". La calligraphie est enseignée à l’école primaire.
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La coutume du kakizome, elle, fut d’abord pratiquée exclusivement à la cour impériale. Il était alors usage de recopier un poème, notamment des haiku évoquant la venue du printemps (qui, selon l’ancien calendrier chinois, arrivait en janvier ou février), la jeunesse éternelle ou encore la longévité. Puis, au fil du temps, les nobles et les samouraïs se mirent eux aussi à calligraphier des poèmes ou des paroles auspicieuses le jour du 2 janvier. À la fin de l’ère Edo (1603-1868), tous ceux qui savaient écrire adoptèrent cette coutume. De nos jours, le kakizome est souvent donné comme devoir de vacances de fin d’année aux écoliers.
Depuis de nombreuses années, chaque 5 janvier, a lieu un grand concours de kakizome au Nippon Budokan (arène accueillant des évènements sportifs ou musicaux) à Tokyo. Ce jour-là, des milliers de participants et participantes (en général entre 3 000 et 5 000) de tous âges se rassemblent pour calligraphier sur une immense bande de papier un ou quelques mots, ou encore un poème, selon leur âge et leurs capacités. Les calligraphes doivent démontrer leurs talents en seulement 24 minutes.
Traditionnellement, les kakizome sont brûlés lors de la fête annuelle du Sagicho le 14 janvier. Il est dit que plus haut le papier brûlé volera, plus douée en écriture la personne deviendra...
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