La star de l'architecture Tadao Andô
Tadao Andô, itinéraire d’un architecte autodidacte
Du ring de boxe au plus prestigieux prix international d’architecture, tel est le parcours hors norme de l’architecte japonais Tadao Ando.
Un parcours atypique
Comme il aime le dire lui-même, Tadao Ando est entièrement autodidacte. Lui, l'ancien boxeur professionnel sans aucun diplôme d’architecture, appartient pourtant aujourd’hui à la caste très restreinte des "starchitectes". Il comptabilise plus de 300 réalisations architecturales de par le monde depuis ses débuts à Osaka en 1969.
Né en 1941 à Osaka, Ando est élevé par sa grand-mère. À l’adolescence, il fréquente quotidiennement des ateliers d’artisans (menuisiers, charpentiers, ferronniers et verriers) ; lesquels révèlent chez lui un goût certain pour l’architecture et la création. Il aime aussi se promener dans les rues d’Osaka à la recherche de vieilles bâtisses à étudier. Ainsi entame son apprentissage informel de l’architecture.
Une fois les gants de boxe raccrochés, vers l’âge de 24 ans, il travaille dans la conception de mobilier, l’architecture intérieure et la rénovation de maisons. Il s’achète des manuels d’architecture d’occasion dans lesquels il découvre les œuvres de Le Corbusier. Particulièrement impressionné par le travail de l’architecte français, il entreprend un long voyage artistique et formateur pour, dit-il : "visiter les bâtiments qui m’inspirent, pour faire l’expérience de leurs espaces et m’en souvenir avec mon corps". Entre 1962 et 1969, il parcourt le monde afin de voir de grands chefs-d’œuvre d’architecture et parfaire son auto-apprentissage. C’est aussi l’occasion pour lui d’apprécier les réalisations de Le Corbusier à Paris et Marseille et les abbayes cisterciennes du sud de la France.
Une reconnaissance internationale
À son retour à Osaka en 1969, il fonde son agence et débute son activité par la construction de petites maisons individuelles dès le début des années 1970.
L’une de ses premières réalisations, la maison Azuma dans l’arrondissement de Sumiyoshi va faire de lui l’architecte à suivre. Entièrement en béton, celle-ci occupe un minuscule espace situé entre des maisons de style traditionnel. Ando se joue de l’étroitesse du terrain en imaginant une maison à la façade aveugle disposant d’un espace de cour intérieure qui permet à ses occupants d’échapper à la folie urbaine. Réalisée en 1976, elle sera couronnée par le Prix de l’Institut d’Architecture du Japon en 1979. Cette maison à l’origine de son succès, Tadao Ando la rachète en 1982. Elle est depuis cette date le siège de son cabinet d’architecture.
Les années 1990 sont synonymes de consécration. Il réalise le pavillon du Japon de l’Exposition Universelle de Séville en 1992 ; le pavillon le plus remarqué et le plus visité. Les plus grands musées du monde lui consacrent déjà de grandes rétrospectives : le MOMA de New York dès 1991 et le Centre Georges Pompidou en 1993. Après avoir reçu le très prestigieux prix Pritzker en 1995, il est nommé professeur titulaire à l’université de Tokyo ; lui, l’architecte autodidacte !
Quel est le style de Tadao Ando ?
- Des formes géométriques simples
Utilisant un vocabulaire minimal de forme (cercle, carré, rectangle…) ainsi qu’une palette de matériaux réduite, son style est immédiatement reconnaissable. Par l’économie de moyens et le dépouillement, Ando s’inscrit dans une certaine tradition japonaise tout en s’inspirant également des styles occidentaux de Le Corbusier, du Bauhaus et de l'architecte américain Louis Kahn.
- Un béton lisse
Ando a une prédilection pour le béton dont l’aspect change avec le temps et capte la lumière. Apportant une attention toute particulière aux détails, il a poussé jusqu’à l’extrême sa recherche de raffinement en développant sa propre formule de béton. Bien que laissé brut, son béton est lisse et délicat, ressemblant à un béton brossé ou verni au pinceau.
- L’architecture comme lieu de refuge
Les bâtiments de Tadao Ando sont pensés comme des havres de paix, des huis clos contre le chaos urbain. L’espace bâti est une architecture-refuge isolant de l’espace public urbain. C’est pourquoi bon nombre de ses habitations s’organisent autour d’une cour intérieure laissant pénétrer la lumière et créant un cocon protecteur.
- L’intégration des éléments naturels (eau, lumière)
Ando utilise les éléments naturels comme des éléments architecturaux à part entière. Dans son Église de la Lumière bâtie en 1989 à Ibaraki où le soleil pénètre dans l’édifice grâce à une ouverture en forme de croix, c’est bel et bien la lumière qui matérialise la qualité sacrée du lieu. Un exemple remarquable d’harmonie entre un élément naturel et l’architecture en béton.
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L’île de Naoshima marquée par Ando
Dans l’impressionnante carrière de l’architecte, l’île de Naoshima, l’île dédiée à l’art contemporain, est son projet phare. Naoshima était à l’origine une des îles industrielles de la mer intérieure du Seto. Due à la désindustrialisation, la future île artistique était bien déserte avant de connaître le succès touristique qu’elle a aujourd’hui.
En 1989, Sôichirô Fukutake, président de la société Benesse et initiateur de cette île-musée, sollicite Ando pour la construction du Benesse House. Cet hôtel-musée est un site sans pareil offrant une vue spectaculaire sur la mer et les îles volcaniques alentours.
Dans les années 2000, il conçoit deux autres musées sur l’île : le musée d’art Chichu et le musée Lee U-fan. La réalisation de son propre musée sur Naoshima, le Ando Museum est une marque supplémentaire de sa relation intime avec le lieu : il est l’architecte de Naoshima. En 2025, il réalise le Naoshima New Museum of Art, qui met en valeur cette fois-ci des artistes contemporains asiatiques.
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Les autres œuvres incontournables de Tadao Ando au Japon
Parmi 300 réalisations architecturales réparties dans une cinquantaine de pays, il est bien difficile de n’en retenir que quelques-unes. Toutefois, Japan Experience vous propose une petite sélection des œuvres du maître dans l’archipel. Un choix guidé par un critère essentiel ; celui de l'accessibilité au public afin de pouvoir découvrir ces lieux sous toutes les coutures !
- A Tokyo
Omotesando Hills, Shibuya – Station Omotesando
21-21 Design sight, Minato – Station Roppongi
Tokyo Sky Tree – Sumida – Station Oshiage (Il est superviseur du projet)
Musée d’art de Tokyo (TAM), Sengawa – Sengawa Station
21st Century Church of Christ in Hiroo, Shibuya – Station Hiroo
- Dans le Kansai
Yumebutai, île d’Awaji – Station Kokudo Yumebutai mae
Temple de l’eau Honpukuji, île d’Awaji – Station Kokudo Yumebutai mae
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Église de la lumière d’Ibaraki, Osaka – Station Handaibyoin
Azuma House, Osaka – Station Sumiyoshi
La forêt des livres pour enfants de Nakanoshima, Osaka – Station Yodoyabashi
Rokko Housing, Kobe – Station Rokko
Musée Préfectoral d’art de Hyogo, Kobe – Station Iwaya
- A Hokkaido
Église sur l’Eau – Nakatomamu, Hokkaido – Station Tomamu
La Colline du Bouddha et Cimetière de Makomanai Takino, Sapporo, Hokkaido – Arrêt 滝野峠 Takino Toge (Col de Takino)
Kitakaro Sapporo Honkan Cafe, Sapporo – Station Sapporo