La star de l'architecture Tadao Andô
Tadao Andô, itinéraire d’un architecte autodidacte
Du ring de boxe au plus prestigieux prix international d’architecture. Tel est le parcours hors norme de l’architecte japonais, Tadao Andô, qui comptabilise plus de 300 réalisations architecturales de par le monde depuis ses débuts à Osaka en 1969. Parmi ses dernières réalisations figure la restauration de la Bourse du Commerce de Paris - Pinault Collection, inaugurée en 2021.
Un parcours atypique
Comme il aime le dire lui-même, Tadao Andô est entièrement autodidacte. Lui, l'ancien boxeur professionnel sans aucun diplôme d’architecture, appartient pourtant aujourd’hui à la caste très restreinte des "starchitectes".
Né en 1941 à Osaka, Andô est élevé par sa grand-mère. À l’adolescence, il fréquente quotidiennement des ateliers d’artisans (menuisiers, charpentiers, ferronniers et verriers) ; lesquels révèlent chez lui un goût certain pour l’architecture et la création. Il aime aussi se promener dans les rues d’Osaka à la recherche de vieilles bâtisses à étudier. Ainsi débute son apprentissage informel de l’architecture.
Une fois les gants de boxe raccrochés, vers l’âge de 24 ans, il travaille dans la conception de mobilier, l’architecture intérieure et la rénovation de maisons. Il s’achète des manuels d’architecture d’occasion dans lesquels il découvre les œuvres de Le Corbusier. Particulièrement impressionné par le travail de l’architecte français, il entreprend un long voyage artistique et formateur pour, dit-il : "visiter les bâtiments qui m’inspirent, pour faire l’expérience de leurs espaces et m’en souvenir avec mon corps". Entre 1962 et 1969, il parcourt le monde afin de voir de grands chefs-d’œuvre d’architecture et parfaire son auto-apprentissage. C’est aussi l’occasion pour lui d’apprécier les réalisations de Le Corbusier à Paris et Marseille et les abbayes cisterciennes du sud de la France.
Une reconnaissance internationale
À son retour à Osaka en 1969, il fonde son agence et débute son activité par la construction de petites maisons individuelles dès le début des années 1970.
L’une de ses premières réalisations, la maison Azuma dans l’arrondissement de Sumiyoshi va faire de lui l’architecte à suivre. Entièrement en béton, celle-ci occupe un minuscule espace situé entre des maisons de style traditionnel. Andô se joue de l’étroitesse du terrain en imaginant une maison à la façade aveugle disposant d’un espace de cour intérieure qui permet à ses occupants d’échapper à la folie urbaine. Réalisée en 1976, elle sera couronnée par le Prix de l’Institut d’Architecture du Japon en 1979. Cette maison à l’origine de son succès, Tadao Andô la rachète en 1982. Elle est depuis cette date le siège de son cabinet d’architecture.
Les années 1990 sont synonymes de consécration. Il réalise le pavillon du Japon de l’Exposition Universelle de Séville en 1992 ; le pavillon le plus remarqué et le plus visité. Les plus grands musées du monde lui consacrent déjà de grandes rétrospectives : le MOMA de New York dès 1991 et le Centre Georges Pompidou en 1993. Après avoir reçu le très prestigieux prix Pritzker en 1995, il est nommé professeur titulaire à l’université de Tokyo ; lui, l’architecte autodidacte !
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Une volonté : "Toucher l’âme des gens"
Tadao Andô s’exprimera ensuite dans tout type de projet (église, musée, lieu spirituel, fondation) en pleine nature comme au cœur des grandes villes guidé par son précepte : "Je réalise mes architectures en me demandant comment je pourrais concevoir des choses qui restent gravées dans l’âme des Hommes pour l’éternité".
Auteur des réhabilitations des lieux d’exposition de la collection d’art contemporain de l’homme d’affaires François Pinault à Venise et à Paris, il est également à l’origine de la conception de la Tokyo Sky Tree.
L’architecte de Naoshima
Dans l’impressionnante carrière de l’architecte, l’île de Naoshima, l’île dédiée à l’art contemporain dans la mer intérieure du Seto est un projet totalement hors-norme.
En 1989, Sôichirô Fukutake, président de la société Benesse et initiateur de cette île-musée, sollicite Andō pour la construction du Benesse House. Cet hôtel-musée est un site sans pareil offrant une vue spectaculaire sur la mer et les îles volcaniques alentours. Andō édifie ensuite l’annexe de l’hôtel, un ovale immense ; fusion parfaite de la nature et de son architecture. Il réalise également le Minamidera, une bâtisse de bois abritant une œuvre de l’artiste américain James Turell.
Dans les années 2000, il conçoit deux autres musées sur l’île ; le musée d’art Chichu et le musée Lee U-fan. La réalisation de son propre musée sur Naoshima est une marque supplémentaire de la relation intime de l’architecte avec le lieu : il est l’homme de Naoshima.
Quel est le style de Tadao Andô ?
- Des formes géométriques simples
Utilisant un vocabulaire minimal de forme (cercle, carré, rectangle…) ainsi qu’une palette de matériaux réduite, son style est immédiatement reconnaissable. Par l’économie de moyens et le dépouillement, Andō s’inscrit dans une certaine tradition japonaise tout en s’inspirant également des styles occidentaux de Le Corbusier, du Bauhaus et de l'architecte américain Louis Kahn.
- Un béton lisse
Andō a une prédilection pour le béton dont l’aspect change avec le temps et capte la lumière. Apportant une attention toute particulière aux détails, il a poussé jusqu’à l’extrême sa recherche de raffinement en développant sa propre formule de béton. Bien que laissé brut, son béton est lisse et délicat, ressemblant à un béton brossé ou verni au pinceau.
- L’architecture comme lieu de refuge
Les bâtiments de Tadao Andō sont pensés comme des havres de paix, des huis-clos contre le chaos urbain. L’espace bâti est une architecture-refuge isolant de l’espace public urbain. C’est pourquoi bon nombre de ses habitations s’organisent autour d’une cour intérieure laissant pénétrer la lumière et créant un cocon protecteur.
- L’intégration des éléments naturels (eau, lumière)
Andô utilise les éléments naturels comme des éléments architecturaux à part entière. Dans son Église de la Lumière bâtie en 1989 à Ibaraki où le soleil pénètre dans l’édifice grâce à une ouverture en forme de croix, c’est bel et bien la lumière qui matérialise la qualité sacrée du lieu. Un exemple remarquable d’harmonie entre un élément naturel et l’architecture en béton.
Les œuvres incontournables de Tadao Andô au Japon
Parmi 300 réalisations architecturales réparties dans une cinquantaine de pays, il est bien difficile de n’en retenir que quelques-unes. Toutefois, Japan Experience vous propose une petite sélection des œuvres du maître dans l’archipel. Un choix guidé par un critère essentiel ; celui de l'accessibilité au public afin de pouvoir découvrir ces lieux sous toutes les coutures !
- L’Église de la lumière à Ibaraki. Adresse : 4 Chome-3-50 Kitakasugaoka, Ibaraki, Osaka 567-0048
- L’Église sur l'eau. Adresse : Nakatomamu, Shimukappu, Yufutsu District, Hokkaido 079-2204, Japon
- Le musée Shiba Ryotaro. Adresse : 3 Chome-11-18 Shimokosaka, Higashiosaka, Osaka 577-0803.
- Le musée du livre illustré d'Iwaki. Adresse : Katsutsuo-209-17 Tairatoyoma, Iwaki, Fukushima 970-0224.
- Awaji-Yumebutai. Adresse : Awaji, Hyogo, Japon
- Île de Naoshima
- Le complexe commercial Omotesando Hills dans le quartier d'Omotesando. Adresse : 4 Chome-12-10 Jingumae, Shibuya City, Tokyo 150-0001
- Le cimetière de Makomanai Takino et sa colline du Bouddha. Adresse : 2 Takino, Minami Ward,Sapporo,Hokkaido 005-0862
- 21_21 Design Sight. Adresse : 9-7-6 Akasaka, Minato-ku, Tokyo
- La maison Azuma : certes, celle-ci n'est pas un lieu public puisqu'elle est depuis 1982 le siège de l'agence de l'architecte, mais il était impossible de ne pas la citer. Elle est et restera la maison iconique du maître ; celle par qui tout a commencé et où chaque projet commence. Adresse : 2 Chome-13 Sumiyoshi, Sumiyoshi-ku, Osaka