Yukio Mishima 三島由紀夫
L'écrivain provocateur
Yukio Mishima, dont les œuvres s'étalent dans les rayons des librairies du monde entier, est connu en Occident comme un des grands romanciers japonais de l'après-guerre. Auteur très prolifique, il fut aussi un écrivain aux positions controversées, réactionnaire fantasque qui acheva sa vie sur un coup d'éclat resté dans les mémoires.
Une enfance de petit prodige
Yukio Mishima, de son vrai nom Kimitake Hiraoka, est né en 1925 et eut une scolarité très brillante, fréquentant l'école de Gakushûin et devenant le plus jeune membre de la société littéraire de son école.
Durant la guerre il fut invité à écrire une nouvelle pour le prestigieux magazine Bungei-Bunka. Son enfance est à la fois marquée par une lecture vorace de beaucoup de classiques occidentaux (Rilke, Wilde...) et japonais ainsi que par la présence brutale d'un père pour qui l'intérêt littéraire de son fils était une marque d'efféminement.
Mishima finit ses études à Gakushûin en tête de classe, ce qui lui valut de recevoir une montre en argent des mains de l'Empereur. Il intégra ensuite la plus grande université du pays : Tôdai. Malgré la volonté de son père de le voir effectuer une carrière brillante au ministère des Finances, il s'orienta vers une carrière d'écrivain.
Une œuvre tournée vers le corps
L'oeuvre de Mishima est traversée par la question du corps, son éclat, sa splendeur et la peur de sa dégénérescence. Mishima traitera de la découverte de son homosexualité dans "Confession d'un masque" (1949) et fera suivre dans ses romans ultérieur son obsession du corps, notamment dans "Les Amours interdites" (1951). Ce thème littéraire trouve son reflet dans l'activité physique du Mishima adulte, qui se construit un corps solide à travers la musculation et les arts martiaux. Dans un autre style, "Le Pavillon d'or" (1956) lui permet de développer sa propre notion de la Beauté, qu'il mêle à celle du crime.
Mishima possède un style d'écriture extrêmement riche, chargeant ses textes de métaphores incessantes, laissant pousser ça et là, entre les lignes, un mot rare. Amoureux, comme une de ses grandes références, Oscar Wilde, de la prodigalité du style.
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Le nationaliste affirmé
Durant les années 60, l'amour de Mishima pour le Japon traditionnel et son nationalisme intransigeant prennent de plus en plus de place.
Cet horizon est particulièrement visible dans sa tétralogie "La Mer de la fertilité", mais aussi dans des nouvelles comme "Patriotisme" (1961).
Il l'est encore plus dans les activités dans lesquelles Mishima s'engage, rejoignant les forces d'auto-défense en 1967 et créant, quasiment dans la foulée, sa propre milice nationaliste Tatenokai, ou en français, armée du bouclier. La fin de sa vie en 1970, mêlant un simulacre de tentative de coup d'état au ministère de la guerre au suicide traditionnel japonais sous forme de seppuku, s'inscrit dans ce cadre nationaliste.