Hiroshima : l'histoire de la ville 広島の歴史
Hiroshima, un destin entre guerre et paix
Si Hiroshima évoque le souvenir de la bombe atomique, la cité possède un passé riche, ayant joué un rôle important dès l'époque du Japon féodal. Avec plus d'un million d'habitants, Hiroshima est aujourd'hui une ville majeure sur l'archipel japonais, qui oeuvre désormais en faveur de la paix.
Hiroshima durant l'Antiquité et l'époque féodale
Les premières traces de communautés humaines dans la région d'Hiroshima datent de l'ère Jômon, une période de la préhistoire japonaise qui s'étend de 13 000 à 400 avant J.-C. Ces traces se situent au niveau de l'embouchure du fleuve Ôta. Il faut ensuite remonter à l'aube de la période Kofun (env. 250-538) pour trouver les premiers vestiges, les kofun, des tumulus à vocation funéraire.
L'histoire de la ville commence officiellement bien plus tard, en 1589, à l'époque du Japon féodal. Hiroshima est fondée sur le delta d'Ôta, au bord de la mer intérieure de Seto, par un puissant seigneur, Môri Terumoto (1553-1625). Celui-ci baptise la ville Hiroshima (littéralement "la grande île") et ne tarde pas à y dresser son bastion, autour duquel se développera la cité. Nous sommes alors à l'époque Sengoku, l'ère des provinces en guerre, un temps où les forteresses symbolisent le pouvoir des daimyô.
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Aussi puissant soit-il, Môri Terumoto perd la bataille de Sekigahara (1600) au profit de Tokugawa Ieyasu, l'un des unificateurs du Japon qui deviendra shogun au début de l'époque d'Edo. Ieyasu dépossède Terumoto de son fief. En 1619, Hiroshima passe aux mains du clan Asano, une famille liée à une autre figure majeure de l'époque, Toyotomi Hideyoshi. La ville restera sous la bannière des Asano jusqu'en 1871, soit quelques années après la restauration de Meiji.
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Hiroshima à partir du XIXème siècle
Avec la disparition des han (fiefs) qui marque le début de l'ère Meiji (1868-1912), Hiroshima devient la capitale de la préfecture du même nom, nouvellement créée. La ville, alors peuplée d'un peu plus de 80 000 âmes, prend son essor économique et industriel. Le port d'Ujina, renommé plus tard port d'Hiroshima, est construit dans les années 1880. La ligne de chemin de fer Sanyô est prolongée en 1894, rapprochant la ville du reste du pays.
Hiroshima se spécialise dans la production de coton et d'armement, dans un contexte de guerres sino-japonaise (1894-1895) puis russo-japonaise (1904-1905). Le Hall préfectoral de promotion commerciale d'Hiroshima voit le jour en 1915, de même que plusieurs écoles supérieures et autres complexe militaires. À la veille de la Première Guerre mondiale, Hiroshima est un centre économique, culturel et militaire majeur du Japon. La Grande Guerre confirmera Hiroshima dans son rôle de base militaire primordiale pour le Japon, alors rangé du côté des Alliés.
La première bombe atomique à Hiroshima
Durant la Seconde Guerre mondiale, Hiroshima est la base de la 2ème Armée générale japonaise et de l'Armée régionale du Chûbu. Elle abrite aussi de nombreux équipements militaires.
D'abord épargnée par les bombardements aériens des alliés américains, plutôt concentrés sur Tokyo, Hiroshima va malheureusement devenir la première ville de l'Histoire à subir un bombardement atomique. Alors que l'Allemagne nazie capitule le 8 mai 1945, le Japon s'accroche à ses rêves impérialistes, emmenés par son leader, l'empereur Hirohito (1901-1989).
Pour forcer le Japon à rendre les armes, le président américain, Harry Truman, décide de recourir à l'arme nucléaire. Hiroshima est choisie pour son rôle crucial dans l'approvisionnement militaire de l'Archipel. Le lundi 6 août 1945, à 8h15, un bombardier B-29 survolant la ville largue une bombe atomique appelée "Little Boy". L'engin explose à 600 mètres d'altitude, au-dessus de l'Hôpital Shima, au cœur de la ville.
Les dégâts sont sans précédent. Parmi les 350 000 habitants que compte alors Hiroshima, 70 000 sont tués sur le coup. Les blessures liées aux radiations porteront le bilan à 140 000 victimes dans les mois et les années suivantes. Environ 70% des bâtiments sont détruits. La ville n'est plus qu'une "plaine calcinée" (yakenohara en japonais). Attaqué de la même façon à Nagasaki le 9 août, le Japon finit par capituler le 2 septembre 1945, date qui marque la fin de la Seconde guerre mondiale.
Hiroshima, ville de la paix
Passé le traumatisme, un plan de reconstruction d'Hiroshima est lancé, via notamment la Loi de Construction du Mémorial de la Paix de la Ville d'Hiroshima, votée par le gouvernement en 1949 et qui prévoit le financement pour faire renaître la ville. La même année, le Parlement japonais proclame Hiroshima "Cité de la paix". Le Hall préfectoral de promotion commerciale d'Hiroshima, bâtiment situé à 160 mètres de l'épicentre et ayant résisté à la déflagration, devient le Dôme de la Bombe A. Autour du monument, le Parc du Mémorial de la Paix est inauguré en 1954, le Musée du mémorial en 1955. Victime de la guerre, Hiroshima est depuis lors la première ville ambassadrice de la paix, sa mairie promouvant l'abolition des armes nucléaires.
Le 27 mai 2016, Barack Obama devient le premier président américain en exercice à fouler le sol d'Hiroshima. Aux côtés du Premier Ministre japonais, Shinzo Abe, Obama rend hommage aux victimes et exprime alors son désir d'un monde sans nucléaire. "Il y a 71 ans, la mort est tombée du ciel et le monde a changé", déclare-t-il lors d'un discours historique.
Hiroshima aussi a changé. La "plaine calcinée" est aujourd'hui une ville de 1,2 million d'habitants, tournée vers l'avenir, à l'image de la nouvelle Tour Orizuru inaugurée à l'été 2016. Une ville résolument engagée dans son rôle de capitale mondiale de la paix.