La plage de Kotogahama 琴ヶ浜海岸
La plage qui pleure
À Wajima, sur la côte ouest escarpée de la péninsule de Noto, entre les falaises, se trouve la longue plage de sable fin de Kotogahama, fréquentée par de nombreux surfeurs. Son sable "chantant" lui vaut le poétique surnom de "plage qui pleure".
Si tu tends l'oreille
Surla plage de Kotogahama, comme sur toute la côte ouest de la péninsule, c'estune mer du Japon très agitée qui frappe le rivage. Les puissants rouleaux quidéferlent sur la plage font du lieu un véritable paradis pour les surfeurs. Iln'est donc pas surprenant de voir la plage se remplir de nombreux passionnés deglisse dès les premières heures du jour. Mais abstraction faite du plaisantroulement des vagues, c'est un tout autre son qui attirera votre attention. Sivous tendez l'oreille, vous entendrez sous vos pieds le doux murmure du sablefin. "Kyukyukyu" susurre-t-il.
Tantôt décrit comme du sable chantant ou sable pleurant, on appelle ce sable le nakisuna. Le Japon compte une trentaine de plage de nakisuna à travers tout le pays. Les grains de quartz présents en grande quantité sont à l'origine du phénomène. Le sable émet un son à la friction. Il vous suffit pour cela d’en caresser la surface ou de traîner vos pieds pour entendre les pleurs du nakisuna de la plage de Kotogahama.
Les amants maudits
Bienque l’explication scientifique du nakisuna soit connue, il demeure lié à unelégende du folklore japonais ; l'histoire d'amour tragique entre deuxenfants de Wajima, la paysanne Osayo et le marin Shigeso. Dans cette cité portuaire, le pauvre pêcheur Shigesoéconomise pour accomplir son rêve de devenir constructeur naval. Il s’apprête àpartir en mer pour une dernière et longue pêche de trois mois et promet à sabelle, Osayo, de revenir avec une importante somme d’argent.Cependant, au terme des trois mois, Shigeso ne revient pas. Osayo refuse decroire que ce dernier ait pu disparaître en pleine tempête comme l’affirment d’autrespêcheurs. Qu’il pleuve ou qu’il neige, elle se rend sur la plage chaque jour etattend le retour de son bienaimé, assise sur un rocher. Un jour de grand froid,Osayo, affaiblie par cette longue attente, est retrouvée morte sur le rivage. Depuis, chaque personne marchant près durocher entend des sanglots semblant provenir du sable. Les marins d’un bateaupassant au large prétendent également avoir vu le fantôme d’une femme leurfaisant signe depuis la plage. Quelques années plus tard, Shigeso que l’onpensait mort revient à Wajima. Pris dans une tempête, il s’était échoué sur unepetite île sur laquelle il était resté captif tout ce temps. Apprenant ladisparition d’Osayo, le malheureux Shigeso se rend sur la plage et pleure sonamour perdu. Près du rocher d’attente d’Osayo, Shigeso pleure des jours durantet disparaît de chagrin sans laisser de trace. Sur la plage, les sanglots desdeux amants continuent de résonner à chacun de vos pas.
Balade à la plage
Lesamateurs de drama nippon connaissent la plage pour une tout autre raison. En2015, la plage fut mise en lumière par la série télévisée de la NHK, Mare quisuit les aventures d’une jeune femme de la péninsule de Noto souhaitant devenirpâtissière. Dans son générique d’ouverture, on pouvait même voir cette dernièredanser sur la plage. Après votre bain de soleil ou votre séance de surf, n’hésitez pas à arpenter les 3 kilomètres de cette plagequi pleure du sud vers le nord pour ainsi vous offrir une petite baladele long de la mer du Japon. Elle sera l’occasion de découvrir quelques curiositéslocales.
En prenant la direction du nord, vous arriverez à l’embouchure de la rivière Nigishi. Le long de la route 249 au niveau de l’estuaire, une stèle remémore au passant un poème waka illustrant la région : « Loin de ma femme pour si longtemps - les clairs rapides d'Ishikawa diront ma fortune ». Ce dernier est extrait du Man'yôshû ou "recueil de 10 000 feuilles", célèbre anthologie de plus de 4 500 poèmes écrits entre le IVe et le VIIIe siècle par différents auteurs. L’un deux, Ōtomo no Yakamochi, à qui l’on attribue la compilation de ce recueil, a écrit ce waka et plusieurs autres alors qu’il était gouverneur de la province voisine de Toyama. Tous décrivent la mélancolie qu’éprouve le poète à être éloigné des siens et de la capitale.
Voir aussi : Le complexe culturel de Man'yo
Le clin d'oeil de Mère Nature
En poursuivant votre chemin le long de la route nationale 249qui suit le bord de mer, vous tomberez nez à nez avec un bien curieux rocher.Nul besoin de vous pincer, vous ne rêvez pas. C’est bien un gigantesque Totoroqui trône fièrement à 1 mètre de la route. Il faut bien avouer que cetteconcrétion rocheuse à laquelle on a adjoint des yeux en corde produit son petiteffet. La ressemblance est saisissante. Ainsi positionné, celui-ci sembled’ailleurs attendre le neko bus ! Par un heureux hasard, la nature imiteici à la perfection son meilleur représentant, Totoro, l’esprit de la forêt.
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Adresse
Horaires
130minutes en bus de la gare de Kanazawa, puis 10 minutes à pied de la gare routière Monzen. Site Internet
http://wajimanavi.lg.jp/www/index.jsp